jeudi 4 février 2010

UNE JUSTE PARMI LES NATIONS


Une allassacoise originaire d'Estivaux, Madame Marthe Faucher, a été mise à l'honneur la semaine dernière à la mairie d'Estivaux en recevant la médaille et le diplôme de Justes parmi les Nations.

« Et je leur donnerai dans ma maison et dans mes murs un mémorial (Yad) et un nom (Shem) qui ne seront pas effacés ».

Isaïe 56 – 5 L'institut de Yad Vashem à Jérusalem

Madame Faucher, bien connue à Allassac, habite depuis de nombreuses années rue Jean Moulin.
Beaucoup d'allassacois ont donc découvert avec surprise et admiration le rôle que sa famille a joué au Theil d'Estivaux pendant la guerre en hébergeant des enfants juifs.
Ces enfants, les jeunes Grodner, habitant la région parisienne, ont bénéficié de l'aide d'une famille qui était dans l'Yonne et en Corrèze à Estivaux donc.

Je me permets de reproduire ici cette très belle histoire que l'on peut consulter sur le blog du Comité français pour Yad Vashem, l'histoire émouvante d'Eliane et Claude Grodner.
Ces enfants avaient été envoyés dans l'Yonne mais "entre les persécutions qui s'intensifiaient et quelques voisins qui estimaient que les "petits juifs allaient amener le malheur sur le village", on envoya les enfants chez Mathilde Faucher et Léontine Bouchaillou.

"A la déclaration de la guerre, en 1939, M. et Mme Grodner décident d'envoyer leurs deux enfants à la campagne, plus précisément à Serbonnes, dans l'Yonne. C’est ainsi quEmmanuel et quEugénie Peteuil vont accueillir :
- Eliane, 7 ans
- et Claude, 10 ans.

Pour comprendre la confiance des parents Grodner envers les Peteuil, il faut savoir qu’ils avaient un ami commun, M. Hartman, ayant une résidence secondaire à Serbonnes.

Les enfants Grodner quittent donc le 45 de rue Perronet à Neuilly-sur-Seine pour être très bien accueillis et vite intégrés à Serbonnes. Ils y fréquentent l'école du village avec Bernard Peteuil qui a le même âge de Claude Grodner.

La guerre frappe une première fois les Grodner en 1942. Alors qu’il tente de franchir la ligne de démarcation, le père est arrêté et interné et mis au camp de Beau-Désert à Mérignac tout près de Bordeaux. Par une chance extraordinaire, il sera néanmoins libéré. Mais l’alerte aura été chaude.

Début 1944, ce sera hélas infiniment plus dramatique. Oïzer Goldberg, le grand-père des enfants, est déporté sans retour par le convoi n° 67 du 3 février. Parti de Drancy vers Auschwitz, ce convoi emporte 1214 juifs. Ils ne seront que 26 survivants en 1945…
Les parents Grodner prirent alors la décision de déplacer les enfants.

En effet, les persécutions raciales s'intensifiaient. De plus, à Serbonnes, quelques voisins estimaient que les "petits Juifs allaient amener le malheur sur le village".
En conséquence, Eliane et Claude Grodner sont évacués chez les sœurs d’Eugénie Peteuil : Mathilde Faucher et Léontine Bouchaillou.

Pour ce voyage à risques, c’est Emmanuel Peteuil lui-même qui accompagne les deux enfants. Au passage de la ligne de démarcation, Claude, muni des papiers d'identité de Bernard Peteuil, n'eut aucun problème.
En revanche, faute de documents pour Eliane, Emmanuel Peteuil la dissimula habilement avec son imperméable. Les autres voyageurs du compartiment ne dirent rien... et le contrôle se passa sans encombre.

Arrivés au but du voyage : Theil, par Estivaux, Eliane est confiée à Mathilde Faucher, dite Marthe. Celle-ci était dans sa trentaine et s’occupait seule de la ferme car son mari était prisonnier de guerre. Claude, lui, est pris en charge par Léontine Bouchaillou et par son mari Élie, parents de Maurice (né en 1926).
Avec beaucoup de gentillesse et d'humanité, les petits Grodner furent mis à l’abri de la guerre et de la Shoah jusqu'à l'automne 1944..."

Une cérémonie à Serbonnes (Yonne) le 22 novembre 2009 a honoré ainsi la famille Peteuil.

ALLASSAC PLUS BELLE VILLE DU MONDE offre ses félicitations à Madame Faucher, à sa fille Odile ainsi qu'à toute cette famille qui a porté haut les valeurs d'entraide et d'humanité.

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